Actualités de l'Urgence - APM

EMERGENCE D'UNE PROBABLE IST MASCULINE À PASTEURELLA BETTYAE
Il s'agit d'une série de neuf cas qu'Andy Li de l'hôpital Saint-Louis à Paris (AP-HP) a présentée en session orale du congrès de la Société française de dermatologie (SFD), en fin de semaine dernière à Paris. À la connaissance des chercheurs, ce serait même la plus grande série d'infections humaines à Pasteurella bettyae au cours des 30 dernières années dans la littérature internationale.
Pasteurella bettyae est un bacille Gram négatif principalement commensal du tube digestif des chiens et des chats ainsi que des oiseaux et il est principalement transmis à l'être humain par morsure et/ou griffure, a-t-il rappelé. Des cas d'infection ont été rapportés, avec notamment des pneumopathies, des infections néonatales et des infections génitales.
Concernant ces dernières, la première série de cas avait été rapportée à une époque où ce germe était appelé HB-5. Ces cinq cas avaient été décrits en 1989 aux Etats-Unis, concernant quatre femmes avec une inflammation pelvienne et un abcès des glandes de Bartholin et un homme avec une urétrite, et la question d'une transmission sexuelle était alors évoquée sans être établie.
Moins de 50 cas au cours de ces 30 dernières années ont été rapportés dans la littérature jusqu'à deux cas décrits en 2021 concernant deux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), l'un avec une urétrite et l'autre une balanite. Les deux avaient rapporté des relations sexuelles non protégées, reposant la question importante d'une possible transmission sexuelle interhumaine du germe.
C'est ainsi que les chercheurs de Saint-Louis ont recherché de possibles cas dans le service de pathologie génitale. Dans cette étude rétrospective menée à partir des dossiers anonymes du centre gratuit d'information, de dépistage et de diagnostic des infections par les virus de l'immunodéficience humaine, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles (Cegidd), ils en ont identifié neuf, entre janvier 2018 et janvier 2022. Aucun cas n'a été retrouvé avant, entre 2011 et 2018.
Ces neuf cas d'infections génitales concernaient tous des HSH, âgés de 46 ans en médiane au diagnostic (de 22 à 58 ans), avaient tous sauf un plusieurs partenaires, aucun n'utilisait systématiquement le préservatif et six reconnaissaient même ne jamais en utiliser.
Deux rapportaient des contacts avec des animaux, un chat pour l'un et des vaches pour l'autre, deux semaines précédant le début des symptômes. L'information n'était pas connue pour quatre des patients.
Aucun patient n'était porteur du VIH et un seul était immunodéprimé en lien avec une transplantation rénale.
Quatre patients présentaient une balanite, dont deux étaient par ailleurs co-infectés par Haemophilus parainfluenzae, et deux avaient une balanoposthite. Deux avaient des ulcères du sillon balano-prupétial, l'un avec un diagnostic final de primo-infection syphilitique et l'autre de lymphogranulomatose vénérienne, et un présentait une urétrite, avec une co-infection à Neisseria gonorrhoeae.
Les patients avec une ulcération ou une urétrite ont reçu une antibiothérapie probabiliste suivant les recommandations. Une guérison a été obtenue chez quatre patients, les cinq autres ont été perdus de vue.
Seul un patient n'ayant pas reçu d'antibiothérapie probabiliste avait bénéficié a posteriori d'un traitement spécifique par céphalosporine orale, qui a permis une guérison clinique.
Cinq antibiogrammes ont révélé des souches multisensibles pour la plupart et seulement trois souches résistantes, l'une à la pénicilline G, une autre à la pénicilline G et A et la dernière au cotrimixazole
Ces données suggèrent que P. bettyae, dont le réservoir est habituellement zoonotique, émerge comme une nouvelle cause d'IST, touchant exclusivement les HSH à ce jour en France. La description d'autres cas serait nécessaire afin de délimiter le spectre des présentations cliniques et affiner la prise en charge thérapeutique, a commenté Andy Li.
Il a appelé l'ensemble des praticiens à effectuer des écouvillons bactériologiques devant toute balanite ou balanoposthite dans un contexte d'une transmission sexuelle probable.
ld/ab/APMnews
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EMERGENCE D'UNE PROBABLE IST MASCULINE À PASTEURELLA BETTYAE
Il s'agit d'une série de neuf cas qu'Andy Li de l'hôpital Saint-Louis à Paris (AP-HP) a présentée en session orale du congrès de la Société française de dermatologie (SFD), en fin de semaine dernière à Paris. À la connaissance des chercheurs, ce serait même la plus grande série d'infections humaines à Pasteurella bettyae au cours des 30 dernières années dans la littérature internationale.
Pasteurella bettyae est un bacille Gram négatif principalement commensal du tube digestif des chiens et des chats ainsi que des oiseaux et il est principalement transmis à l'être humain par morsure et/ou griffure, a-t-il rappelé. Des cas d'infection ont été rapportés, avec notamment des pneumopathies, des infections néonatales et des infections génitales.
Concernant ces dernières, la première série de cas avait été rapportée à une époque où ce germe était appelé HB-5. Ces cinq cas avaient été décrits en 1989 aux Etats-Unis, concernant quatre femmes avec une inflammation pelvienne et un abcès des glandes de Bartholin et un homme avec une urétrite, et la question d'une transmission sexuelle était alors évoquée sans être établie.
Moins de 50 cas au cours de ces 30 dernières années ont été rapportés dans la littérature jusqu'à deux cas décrits en 2021 concernant deux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), l'un avec une urétrite et l'autre une balanite. Les deux avaient rapporté des relations sexuelles non protégées, reposant la question importante d'une possible transmission sexuelle interhumaine du germe.
C'est ainsi que les chercheurs de Saint-Louis ont recherché de possibles cas dans le service de pathologie génitale. Dans cette étude rétrospective menée à partir des dossiers anonymes du centre gratuit d'information, de dépistage et de diagnostic des infections par les virus de l'immunodéficience humaine, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles (Cegidd), ils en ont identifié neuf, entre janvier 2018 et janvier 2022. Aucun cas n'a été retrouvé avant, entre 2011 et 2018.
Ces neuf cas d'infections génitales concernaient tous des HSH, âgés de 46 ans en médiane au diagnostic (de 22 à 58 ans), avaient tous sauf un plusieurs partenaires, aucun n'utilisait systématiquement le préservatif et six reconnaissaient même ne jamais en utiliser.
Deux rapportaient des contacts avec des animaux, un chat pour l'un et des vaches pour l'autre, deux semaines précédant le début des symptômes. L'information n'était pas connue pour quatre des patients.
Aucun patient n'était porteur du VIH et un seul était immunodéprimé en lien avec une transplantation rénale.
Quatre patients présentaient une balanite, dont deux étaient par ailleurs co-infectés par Haemophilus parainfluenzae, et deux avaient une balanoposthite. Deux avaient des ulcères du sillon balano-prupétial, l'un avec un diagnostic final de primo-infection syphilitique et l'autre de lymphogranulomatose vénérienne, et un présentait une urétrite, avec une co-infection à Neisseria gonorrhoeae.
Les patients avec une ulcération ou une urétrite ont reçu une antibiothérapie probabiliste suivant les recommandations. Une guérison a été obtenue chez quatre patients, les cinq autres ont été perdus de vue.
Seul un patient n'ayant pas reçu d'antibiothérapie probabiliste avait bénéficié a posteriori d'un traitement spécifique par céphalosporine orale, qui a permis une guérison clinique.
Cinq antibiogrammes ont révélé des souches multisensibles pour la plupart et seulement trois souches résistantes, l'une à la pénicilline G, une autre à la pénicilline G et A et la dernière au cotrimixazole
Ces données suggèrent que P. bettyae, dont le réservoir est habituellement zoonotique, émerge comme une nouvelle cause d'IST, touchant exclusivement les HSH à ce jour en France. La description d'autres cas serait nécessaire afin de délimiter le spectre des présentations cliniques et affiner la prise en charge thérapeutique, a commenté Andy Li.
Il a appelé l'ensemble des praticiens à effectuer des écouvillons bactériologiques devant toute balanite ou balanoposthite dans un contexte d'une transmission sexuelle probable.
ld/ab/APMnews