Actualités de l'Urgence - APM

17/01 2025
Retour

PSYCHIATRIE: CHRISTOPHE SCHMITT APPELLE À "STRUCTURER NATIONALEMENT" L'OFFRE DE SOINS DANS LES SERVICES D'URGENCE

PARIS, 17 janvier 2025 (APMnews) - "Il faut structurer nationalement l'offre psychiatrique dans l'ensemble des services d'urgence", a plaidé le Dr Christophe Schmitt, président de la conférence des PCME de CHS, listant une série de recommandations en ce sens, à l'occasion d'un webinaire organisé jeudi par la Fédération hospitalière de France (FHF).

"Au regard de la fréquence des patients présentant une pathologie psychiatrique ou une problématique de santé mentale se présentant dans les services d'urgence, il est impératif aujourd'hui de structurer à l'échelle nationale une offre psychiatrique dans l'ensemble des services d'urgence", a estimé le président de la conférence nationale des présidents de commission médicale d'établissement (PCME) de centres hospitaliers spécialisés (CHS).

Il a présenté une série de recommandations portées par la conférence dans le cadre d'un "travail en cours".

Il a tout d'abord appelé les agences régionales de santé (ARS) à procéder à un état des lieux exhaustif de la présence psychiatrique, dans les services d'urgence de leur région.

"A ce jour, nous observons encore une organisation très hétérogène d'une région à l'autre, ce qui impose de faire un état des lieux au niveau national" pour "repérer les organisations les plus satisfaisantes", autant pour les psychiatres que pour les urgentistes, a-t-il estimé.

Cela permettra, de constituer "un référentiel d'organisations inspirantes" mais aussi "d'alimenter une réflexion générale concernant les deux réformes en cours, à savoir le financement et les autorisations", a-t-il complété.

Christophe Schmitt a également souligné l'importance de rationaliser les présences psychiatriques et la permanence des soins dans les services d'urgence.

"Comme dans toutes les autres spécialités médicales, la permanence de soins (PDS) reste aujourd'hui un irritant", a-t-il reconnu. "Partant de ce constat, il faut que le choix de la modalité de la PDS puisse tenir compte de la réalité démographique", a-t-il insisté.

Il s'est ainsi dit opposé à la "multiplication" des lignes de gardes et d'astreintes et a plutôt recommandé de "concentrer" la réponse psychiatrique dans "certains services d'urgence" du territoire. Pour les autres établissements, un système de "téléconsultation" pourrait être mis en place, a-t-il proposé.

"Tous les âges de la vie"

Cette restructuration doit pouvoir prendre en compte "tous les âges de la vie", a défendu le Dr Schmitt, insistant particulièrement sur la nécessité de mieux "organiser et renforcer" la présence pédopsychiatrique dans les services d'urgence.

Il a ainsi appelé à renforcer la collaboration entre les équipes de pédiatrie et de pédopsychiatrie dans ces services. Cette collaboration doit prendre la forme d'une présence soignante spécialisée en pédopsychiatrie "en journée", a-t-il expliqué.

Comme pour la psychiatrie de l'adulte, la "pluridisciplinarité doit demeurer la règle et la prise en charge ne saurait par conséquent reposer que sur un seul médecin", a-t-il toutefois estimé. Cette présence peut aussi bien avoir lieu dans les locaux du service d'urgence qu'en ambulatoire, notamment sous la forme "d'équipe mobile".

Dans un contexte démographique défavorable, "la continuité des soins ne peut, à l'exception des centres hospitaliers (CH) les plus importants, être assurée par les seules équipes de PEA (psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent)", a-t-il toutefois reconnu. Il a donc incité, lorsque cela est nécessaire, à une "mutualisation" des ressources humaines avec les services de psychiatrie adulte.

Concernant spécifiquement la crise suicidaire, "celle-ci ne peut relever d'une orientation systématique sur les lits spécialisés mais doit être décidée au cas par cas", a-t-il noté.

Structurer l'offre psychiatrique des SAS

Dans un quatrième temps, Christophe Schmitt a recommandé de donner aux plateaux de régulation SAS (services d'accès aux soins) "les moyens" de structurer une offre psychiatrique.

Pour rappel, il existe aujourd'hui 15 SAS spécialisés en psychiatrie (SAS Psy) la plupart portés par les services d'urgence psychiatrique des établissements. Ces initiatives, pour la plupart issues du terrain, se sont récemment constituées en "club", pour partager leurs pratiques, mais aussi faire entendre une voix commune auprès des pouvoirs publics, dans l'optique d'harmoniser les prises en charge à l'échelle nationale (cf dépêche du 12/12/2024 à 09:45).

A noter que APMnews a récemment réalisé un dossier sur les SAS psychiatriques qui comprend notamment une dépêche sur le fonctionnement et la régulation permise par ces dispositifs (cf dépêche du 12/12/2024 à 09:45); un entretien avec l'agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté qui va lancer un appel à manifestation d'intérêt (AMI) pour créer un SAS psychiatrique (cf dépêche du 12/12/2024 à 09:47) et une dépêche sur une extension possible de ces dispositifs vers des "Smur-psy" (cf dépêche du 12/12/2024 à 09:46).

Le renforcement de la prise en charge des urgences psychiatriques devra bien entendu passer par la "création et le renforcement" des lits dédiés à des "courts séjours (24 à 72 heures)", a également avancé Christophe Schmitt. Pour cela il faudra "s'appuyer sur l'état des lieux" des ARS, a-t-il pointé.

"Cellules territoriales"

Renforcer la prise en charge des urgences psychiatriques devra enfin passer par une "amélioration du parcours en aval", a-t-il souligné, tout en insistant sur l'importance que "tous les acteurs, du privé et du public" se mobilisent.

Il a recommandé la création de "cellules territoriales" destinées à répertorier les ressources disponibles en lits. Conçues à "l'échelle départementale", ces cellules devront notamment être composées de "bed-managers" pour "faciliter l'orientation des patients".

L'amélioration du parcours d'aval suppose également de "structurer et de soutenir" une offre de soins non programmés, a-t-il poursuivi.

"Une part non négligeable des patients se présentant aux urgences pour des motifs psychiatriques ne présentent en réalité pas une urgence, mais une demande de soins rapides", a-t-il analysé. Dans ce cadre, "les établissements devraient prévoir une organisation permettant de structurer une offre de soins non programmés à partir des centres médico-psychologiques (CMP)".

En outre, en fonction de la densité de l'offre libérale, les psychiatres libéraux doivent "s'organiser […] pour répondre aux demandes des patients suivis par leurs soins, en particulier quand ils partent en congés", a-t-il complété.

Pour rappel, un "pacte de la refondation de la psychiatrie", a été signé début janvier entre l'ensemble des acteurs de la psychiatrie du département de la Haute-Garonne (cf dépêche du 08/01/2025 à 10:39). Ce pacte, qui vise notamment à "restructurer la prise en charge des urgences psychiatriques sur le territoire", partage une grande partie des propositions évoquées par le Dr Schmitt.

Les propositions de la conférence des PCME de CHS résonnent plus généralement avec les constats posés par les députées Nicole Dubré-Chirat (Ensemble pour la République, Maine-et-Loire) et Sandrine Rousseau (Ecologistes, Paris), dans leur récent rapport parlementaire sur les urgences psychiatriques en France, note-t-on (cf dépêche du 11/12/2024 à 16:23).

jr/ab/APMnews

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

17/01 2025
Retour

PSYCHIATRIE: CHRISTOPHE SCHMITT APPELLE À "STRUCTURER NATIONALEMENT" L'OFFRE DE SOINS DANS LES SERVICES D'URGENCE

PARIS, 17 janvier 2025 (APMnews) - "Il faut structurer nationalement l'offre psychiatrique dans l'ensemble des services d'urgence", a plaidé le Dr Christophe Schmitt, président de la conférence des PCME de CHS, listant une série de recommandations en ce sens, à l'occasion d'un webinaire organisé jeudi par la Fédération hospitalière de France (FHF).

"Au regard de la fréquence des patients présentant une pathologie psychiatrique ou une problématique de santé mentale se présentant dans les services d'urgence, il est impératif aujourd'hui de structurer à l'échelle nationale une offre psychiatrique dans l'ensemble des services d'urgence", a estimé le président de la conférence nationale des présidents de commission médicale d'établissement (PCME) de centres hospitaliers spécialisés (CHS).

Il a présenté une série de recommandations portées par la conférence dans le cadre d'un "travail en cours".

Il a tout d'abord appelé les agences régionales de santé (ARS) à procéder à un état des lieux exhaustif de la présence psychiatrique, dans les services d'urgence de leur région.

"A ce jour, nous observons encore une organisation très hétérogène d'une région à l'autre, ce qui impose de faire un état des lieux au niveau national" pour "repérer les organisations les plus satisfaisantes", autant pour les psychiatres que pour les urgentistes, a-t-il estimé.

Cela permettra, de constituer "un référentiel d'organisations inspirantes" mais aussi "d'alimenter une réflexion générale concernant les deux réformes en cours, à savoir le financement et les autorisations", a-t-il complété.

Christophe Schmitt a également souligné l'importance de rationaliser les présences psychiatriques et la permanence des soins dans les services d'urgence.

"Comme dans toutes les autres spécialités médicales, la permanence de soins (PDS) reste aujourd'hui un irritant", a-t-il reconnu. "Partant de ce constat, il faut que le choix de la modalité de la PDS puisse tenir compte de la réalité démographique", a-t-il insisté.

Il s'est ainsi dit opposé à la "multiplication" des lignes de gardes et d'astreintes et a plutôt recommandé de "concentrer" la réponse psychiatrique dans "certains services d'urgence" du territoire. Pour les autres établissements, un système de "téléconsultation" pourrait être mis en place, a-t-il proposé.

"Tous les âges de la vie"

Cette restructuration doit pouvoir prendre en compte "tous les âges de la vie", a défendu le Dr Schmitt, insistant particulièrement sur la nécessité de mieux "organiser et renforcer" la présence pédopsychiatrique dans les services d'urgence.

Il a ainsi appelé à renforcer la collaboration entre les équipes de pédiatrie et de pédopsychiatrie dans ces services. Cette collaboration doit prendre la forme d'une présence soignante spécialisée en pédopsychiatrie "en journée", a-t-il expliqué.

Comme pour la psychiatrie de l'adulte, la "pluridisciplinarité doit demeurer la règle et la prise en charge ne saurait par conséquent reposer que sur un seul médecin", a-t-il toutefois estimé. Cette présence peut aussi bien avoir lieu dans les locaux du service d'urgence qu'en ambulatoire, notamment sous la forme "d'équipe mobile".

Dans un contexte démographique défavorable, "la continuité des soins ne peut, à l'exception des centres hospitaliers (CH) les plus importants, être assurée par les seules équipes de PEA (psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent)", a-t-il toutefois reconnu. Il a donc incité, lorsque cela est nécessaire, à une "mutualisation" des ressources humaines avec les services de psychiatrie adulte.

Concernant spécifiquement la crise suicidaire, "celle-ci ne peut relever d'une orientation systématique sur les lits spécialisés mais doit être décidée au cas par cas", a-t-il noté.

Structurer l'offre psychiatrique des SAS

Dans un quatrième temps, Christophe Schmitt a recommandé de donner aux plateaux de régulation SAS (services d'accès aux soins) "les moyens" de structurer une offre psychiatrique.

Pour rappel, il existe aujourd'hui 15 SAS spécialisés en psychiatrie (SAS Psy) la plupart portés par les services d'urgence psychiatrique des établissements. Ces initiatives, pour la plupart issues du terrain, se sont récemment constituées en "club", pour partager leurs pratiques, mais aussi faire entendre une voix commune auprès des pouvoirs publics, dans l'optique d'harmoniser les prises en charge à l'échelle nationale (cf dépêche du 12/12/2024 à 09:45).

A noter que APMnews a récemment réalisé un dossier sur les SAS psychiatriques qui comprend notamment une dépêche sur le fonctionnement et la régulation permise par ces dispositifs (cf dépêche du 12/12/2024 à 09:45); un entretien avec l'agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté qui va lancer un appel à manifestation d'intérêt (AMI) pour créer un SAS psychiatrique (cf dépêche du 12/12/2024 à 09:47) et une dépêche sur une extension possible de ces dispositifs vers des "Smur-psy" (cf dépêche du 12/12/2024 à 09:46).

Le renforcement de la prise en charge des urgences psychiatriques devra bien entendu passer par la "création et le renforcement" des lits dédiés à des "courts séjours (24 à 72 heures)", a également avancé Christophe Schmitt. Pour cela il faudra "s'appuyer sur l'état des lieux" des ARS, a-t-il pointé.

"Cellules territoriales"

Renforcer la prise en charge des urgences psychiatriques devra enfin passer par une "amélioration du parcours en aval", a-t-il souligné, tout en insistant sur l'importance que "tous les acteurs, du privé et du public" se mobilisent.

Il a recommandé la création de "cellules territoriales" destinées à répertorier les ressources disponibles en lits. Conçues à "l'échelle départementale", ces cellules devront notamment être composées de "bed-managers" pour "faciliter l'orientation des patients".

L'amélioration du parcours d'aval suppose également de "structurer et de soutenir" une offre de soins non programmés, a-t-il poursuivi.

"Une part non négligeable des patients se présentant aux urgences pour des motifs psychiatriques ne présentent en réalité pas une urgence, mais une demande de soins rapides", a-t-il analysé. Dans ce cadre, "les établissements devraient prévoir une organisation permettant de structurer une offre de soins non programmés à partir des centres médico-psychologiques (CMP)".

En outre, en fonction de la densité de l'offre libérale, les psychiatres libéraux doivent "s'organiser […] pour répondre aux demandes des patients suivis par leurs soins, en particulier quand ils partent en congés", a-t-il complété.

Pour rappel, un "pacte de la refondation de la psychiatrie", a été signé début janvier entre l'ensemble des acteurs de la psychiatrie du département de la Haute-Garonne (cf dépêche du 08/01/2025 à 10:39). Ce pacte, qui vise notamment à "restructurer la prise en charge des urgences psychiatriques sur le territoire", partage une grande partie des propositions évoquées par le Dr Schmitt.

Les propositions de la conférence des PCME de CHS résonnent plus généralement avec les constats posés par les députées Nicole Dubré-Chirat (Ensemble pour la République, Maine-et-Loire) et Sandrine Rousseau (Ecologistes, Paris), dans leur récent rapport parlementaire sur les urgences psychiatriques en France, note-t-on (cf dépêche du 11/12/2024 à 16:23).

jr/ab/APMnews

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.